Conseil municipal du 25 septembre 2023 : intervention de Catherine Hervieu sur le rapport annuel de l’eau potable et assainissement
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Le rapport fait état de la mise en place de la méthanisation des boues de la station d’épuration Eau vitale, installation que nous tenons à saluer.

Elle permet tout à la fois de réduire le volume des boues de la STEP mais aussi de produire du biométhane qui pourra être utilisé dans des chaudières ou des véhicules.

C’est une réalisation structurante, en ce qu’elle permet une production de biogaz équivalente à la consommation de 4000 foyers pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. Autant d’économie de gaz à effet de serre puisque ce biogaz est issu d’une matière renouvelable, en l’occurence nos eaux usées.

On se félicite d’autant plus que c’est le fruit du travail que nous avions porté durant plusieurs années, notamment Frédéric Faverjon alors vice-président de Dijon métropole, pour ce projet qui a été voté en 2019.

Pour rappel : nous avons su faire réorienter le projet initial de méthanisation métropolitain parce que mal calibré et orienté au départ. Et ainsi contribuer à éviter des dérives potentielles que peuvent comporter certains de ces équipements, comme celui de Cérilly, méga-méthaniseur dans le nord de la Côte-d’Or.

Nous soulignons également que la méthanisation des boues de la station Eau Vitale permet des recettes importantes, qui peuvent être réinvesties aujourd’hui dans de nouveaux projets écologistes, en faveur de la protection de la ressource en eau et de sa qualité.

Les projets structurants doivent, à l’instar du méthaniseur Eau Vitale, articuler baisse des émissions de gaz à effet de serre, et création de ressources financières. C’est une des méthodes pour conduire une politique écologiste de fond.

Par ailleurs, si la station Eau Vitale est d’une efficacité reconnue, il n’en demeure pas moins, l’urgence des actions pour la préservation de la ressource en eau en amont, comme le démontrent malheureusement les périodes de sécheresse récurrentes hiver comme été, avec les seuils d’alerte et de crise que nous connaissons.

Ainsi, les études d’aires d’alimentation de captage que nous avions portées pour la mise en place d’une politique préventive de préservation de la ressource plutôt qu’une politique curative, montrent effectivement que prévenir coûte bien moins cher que guérir. Par exemple, cinq fois moins cher dans le cas de la nappe de Dijon sud.

Or ces projets de préservation semblent piétiner puisque, depuis 3 ans dans ces rapports sur l’eau, il est indiqué que pour les études concernant les sources du Suzon, de Morcueil et celles de la tranchée drainante des Vernottes à Couternon, la réflexion est toujours en cours pour faire le lien entre ces politiques vertueuses et le projet métropolitain ! Il semble donc que rien n’a réellement avancé depuis 2020. Or ce sont pourtant des politiques stratégiques et essentielles, à la fois écologiques et vertueuses en termes d’investissement publique. Certes, elles demandent de la coordination et un véritable portage politique, au-delà des instrumentalisations politiciennes sur le partage de l’eau et de ses usages. Nous insistons pour que la collectivité comble ce retard dommageable, et nous espérons qu’il ne préfigure pas un abandon, ce qui serait très préjudiciable à la fois pour la ressource en eau, la collectivité et ses habitants.

Sur le volet prix, et alors que la précarisation et la pauvreté continuent d’augmenter dans notre pays, nous rappelons l’importance de la mise en place d’une tarification sociale et progressive de l’eau, alors qu’elle peine à se développer en France.

C’est d’ailleurs une recommandation du Conseil National de l’Eau dans son avis rendu en janvier 2023. Ce dispositif qui consiste à moduler le prix de l’eau en fonction de la consommation d’un ménage est un levier fort pour une politique de sobriété et d’économies d’eau d’une part et de justice sociale d’autre part.   En effet, il s’agit de réduire la consommation globale, tout en répartissant l’eau, en faisant en sorte que les gros utilisateurs consomment moins, et que les petits puissent consommer un peu plus selon leurs besoins, tout en veillant à mettre en place les premiers M3 gratuits pour les plus modestes.

Plus globalement, l’eau devient un bien commun de plus en plus précieux, de plus en plus rare et de plus en plus pollué aussi, accentué par le changement climatique. Les problématiques liées à l’eau (alimentation, aménagement du territoire, énergie, climat…) doivent être abordées de manière intégrale et globale.  En tant que bien commun, l’eau nécessite une approche collective de « non financiarisation de la nature » à l’appui d’une législation en adéquation avec les enjeux vitaux et démocratiques.  

Catherine Hervieu