Olivier Muller intervient sur le Budget Primitif 2022 de Dijon Métropole
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Monsieur le président, chers collègues,

Le budget primitif 2022 intervient dans cette séquence particulièrement anxiogène et incertaine de l’entre deux tours des présidentielles. Concernant le financement des collectivités ou même l’orientation de la décentralisation, on ne peut pas dire qu’on est submergé par les débats de qualité, que ce sujet mériterait. On n’est pas gâté en débats tout court d’ailleurs.

Néanmoins, nous pouvons partager une certitude : l’État va demander une contribution au redressement des comptes publics conséquente aux collectivités territoriales après la période du quoiqu’il en coûte (on a entendu 11 milliards d’euros de baisse de la DGF).

A cette perspective s’ajoute la hausse des prix de l’énergie et des matières premières qui impacteront les dépenses de la collectivité et donc nos marges de manœuvre.

Dans ce contexte, il faudra cibler des priorités. Non seulement abandonner toutes les dépenses climaticides mais aussi opter pour des projets qui redonnent du pouvoir d’achat aux habitants tout en accompagnant les transitions profondes des modes de vie qui touchent aux déplacements, à l’énergie, à l’alimentation, au logement.

Nous partageons le constat d’un besoin massif d’investissement en faveur de la transition écologique. Nous regrettons cependant qu’il ne soit pas chiffré et que l’effort intéressant et important d’un investissement annuel de 80 millions/an sur le mandat ne fasse pas apparaître clairement la part que représente les investissements en faveur la transition écologique. Est-ce un chiffre que vous êtes en mesure de nous fournir sur l’ensemble du mandat ? Pour évaluer votre ambition en la matière, cela nous semble indispensable.

Si cet effort d’investissement est possible sans augmenter la fiscalité des ménages, et au vu des tensions budgétaires qui s’annonce, il est indispensable d’approfondir la réflexion sur les marges de manœuvres dont nous disposons, notamment à travers les recettes de la TEOM, si peu exploitées et mobilisées à la lecture du rapport. Même si nous notons l’investissement, enfin, pour l’extension du centre de tri pour les matières plastiques.

Quand l’État mettra à contribution les collectivités, les conduisant vers la rigueur budgétaire, celui-ci devra donner des contreparties et aider les collectivités vis-à-vis de leurs politiques sociales. Par exemple les aides à la pierre dont le montant est aujourd’hui dérisoire pour mener une politique du logement digne et accessible à toutes et tous. Autre exemple, l’isolation, qui mériterait un investissement similaire à celui de la construction, car l’isolation des logements est tout aussi urgent que l’accès au logement. C’est un axe d’amélioration du projet budgétaire.

Au vu du retard accumulé sur les aménagements cyclables, nous rappelons que Dijon dégringole depuis 2 ans au baromètre des villes cyclables avec un très mauvais classement. Le budget de 2,7 millions d’investissements est en deçà des besoins pour accélérer les transitions en faveur des déplacements en vélo sécurisés.

J’en profite pour faire un nouveau rappel sur les choix urbanistiques. C’est une remarque qui est malheureusement toujours d’actualité, celle d’intégrer dans tous les projets d’urbanisme, les mobilités (transports en commun, pistes cyclables…), la création d’îlots de fraîcheur et de biodiversité, si possible avec une continuité dans le cadre d’une trame verte et bleue, les équipements et les services publics de proximité. C’est la méthode pour répondre vraiment aux enjeux décrits dans le projet de territoire.

Nous notons enfin que la politique de tri des déchets, si vertueuse et nécessaire soit-elle, mobilise une somme importante des crédits en faveur de la transition sans pourtant résoudre pour autant les enjeux d’une politique en faveur du zéro déchet. Si une étude sur la prévention et la réduction à la source des déchets est bien envisagée, nous espérons qu’elle intégrera la mise en place d’une tarification incitative qui, tout en baissant la facture de nos concitoyens (c’est documenté, je vous renvoie aux études de l’ADEME), favorise aussi considérablement la réduction du volume des poubelles grises. Ce mécanisme gagnant-gagnant et pour le portefeuille des ménages et pour l’écologie est certes complexe mais c’est bien l’enjeu et la responsabilité qui nous incombent : sortir des seules solutions technologiques pour engager des changements de mode de vie plus économes en ressources.

En tout état de cause, cette redevance est une obligation légale. Nous aimerions éviter, comme pour le Conseil de Développement, de solliciter le préfet, pour que Dijon Métropole applique la loi !

Quand on voit ce que pèse dans le budget, les choix technologiques comme On Dijon, nous sommes légitimes à demander quel est le retour sur investissements des sommes investies surtout quand la question de la protection des données n’est absolument pas résolue et que ce projet de ville connectée mobilisent toutes les associations de défense des droits. La smart city est d’ores et déjà remise en cause comme peu efficiente à relever le défi de la transition énergétique contrairement à la ville et métropole « low-tech et solidaire » qui est aujourd’hui sollicitée et expérimentée dans d’autres villes.

Concernant, les enjeux alimentaires, nous souhaitons plus de clarté et d’éléments concrets, au-delà des déclarations d’attention, sur les 1 million affectés.

Enfin, je terminerai mon propos sur les pratiques sportives et l’enjeu de la sobriété. Je ne reviendrai pas sur l’indécence de chauffer des pelouses du stade du DFCO. Depuis 10 ans, nous attribuons des sommes non négligeables aux clubs professionnels sans aucune transparence du service d’intérêt général rendu tout aussi important que l’image marketing de la Ville. Dans une période où la solidarité contribuera fortement à la résilience de nos territoires, nous souhaitons avoir une visibilité sur le contenu des missions d’intérêt général et demandons de conditionner nos aides à des pratiques d’intérêt écologique et social.

Je vous remercie de votre attention.