Olivier Muller présente les orientations budgétaires du groupe écologiste lors du Conseil Municipal de Dijon du 20 novembre 2023
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Monsieur le Maire, Monsieur l’adjoint aux finances, chers collègues,
Je voudrais d’abord remercier les services pour la qualité de l’information apportée ce soir aux
conseillers municipaux lors de ce débat d’orientation budgétaire.
De même, une nouveauté, que l’on demande depuis plusieurs années, est à souligner. C’est le fait
d’évoquer, au même titre que la situation économique, voire même avant de l’aborder, le
contexte du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
C’est important, car si l’instabilité du contexte géopolitique en Europe de l’Est et maintenant au
Proche-Orient contribue à accroître la vulnérabilité de nos sociétés, l’urgence climatique et le
changement de civilisation qui en découle, avec toutes ses inconnus, reste un défi majeur qui ne
doit pas passer au second plan.
Ces facteurs d’incertitudes, combinés à la crise énergétique, la hausse des matières premières,
l’inflation, les métiers en tensions créent de nouvelles zones de turbulences et peu de visibilité sur
la sortie de crise.
Si Dijon fait preuve de résilience financière, comme l’indique le rapport, c’est de manière générale
une tendance globale pour l’ensemble des collectivités, et particulièrement pour le bloc
communal. Au vu de sa situation financière très dégradée, la tentation est forte pour l’Etat de faire
contribuer les collectivités au redressement des comptes publics.
Plutôt que cette dynamique de recentralisation rampante, qui consiste, entre autre, à ponctionner
les budgets des collectivités, l’État serait bien inspiré de questionner ses dépenses, plus
particulièrement quand il ouvre les vannes en situation de crise sans prioriser ses aides vers des
secteurs stratégiques comme la transition écologique et la protection sociale.
Ce n’est évidemment pas l’évolution des dotations, comme la légère hausse de la DGF ou encore
l’utile mais néanmoins insuffisant dispositif du fonds vert, qui seront à même de relever le défi du
financement pour l’accélération de l’action climatique.
A ce titre, nous soulignons l’absence de versement, pour Dijon, de la dotation biodiversité (en
hausse de 17 millions d’euros), qui serait pourtant nécessaire au regard des ambitions affichées
par la Ville en la matière.
Dijon a pourtant besoin de mobiliser tous les leviers de la transition. En effet, les investissements
pour le climat devraient être doublés, selon l’Institut de l’économie pour le climat, afin de
respecter les engagements intermédiaires de la France en 2030 en termes de réduction des gaz à
effet de serre.
Les collectivités sont aux premières loges pour répondre aux bouleversements écologiques,
économiques et sociaux, et pourtant l’Etat ne veut pas d’une véritable décentralisation, ni d’un
dialogue équilibré avec les collectivités.
Nous citerons un autre exemple de ce manque de dialogue : le retrait sans concertation du
financement du temps périscolaire.

Malgré toutes ses difficultés et incertitudes, nous partageons l’ambition affichée dans ce DOB
concernant sur la lutte contre le changement et la nécessaire adaptation de la ville.
De même, nous notons les frémissements en faveur de la végétalisation de la ville, et le début de
réflexion sur une comptabilité verte, que nous appelons de nos vœux depuis plusieurs années.
On pourra remercier l’Union Européenne puisque les lauréats de l’Appel à projet européen, dont
fait partie Dijon, sont contraints de s’engager sur cette voie.
D’ores et déjà, nous proposons qu’un rapport détaillé de la mise en œuvre du budget vert soit
présenté en conseil municipal à titre d’information.
Les efforts sur la transition énergétique se confirment avec une stratégie de court et long terme
sur les économies d’énergie. A ce sujet, il serait pertinent de connaître le montant des dépenses
énergétiques par habitant à Dijon, pour évaluer au mieux la performance de cette politique. Nous
considérons enfin qu’elle peut, au-delà du plan de solarisation, s’accompagner d’une stratégie
encore plus volontariste sur la production locale d’énergie renouvelable car à l’avenir, seules les
collectivités productrices d’énergie seront à même de faire face aux aléas de la fourniture
énergétique et aux contraintes budgétaires.
Dans ce rapport de qualité, et bien fourni, il y a malgré tout une lacune évidente, que nous avons
maintes fois regrettée : la place des Dijonnaises et des Dijonnais dans la construction des
politiques.
On a bien une ligne sur une centaine de pages, qui relève plus de la communication que de
l’action, pour dire que les acteurs du territoire seront associés à la construction d’une ville 0
carbone.
Quoi de mieux pour impliquer concrètement les habitants dans les choix de politiques
publiques que d’organiser une convention citoyenne dédié à l’adaptation climatique et la nature
en ville à Dijon? Cette convention thématique permettrait d’éclairer les choix sur l’implantation et
la géographie des forêts urbaines ou sur le futur plan de gestion du patrimoine arboré.
Sans oublier, évidemment, la question des mobilités. En effet le transport est le premier émetteur
de CO2 en France, et ses émissions, contrairement aux autres secteurs, ne diminuent pas. Il est
temps pour Dijon et sa métropole de partir des besoins des habitants et de se doter d’une
politique cyclable contribuant à renverser cette tendance. L’attente sur le sujet est très forte !
Et bien sûr, au-delà d’une convention citoyenne, l’ensemble des projets citoyens et écologiques
existants comme la réserve urbaine de biodiversité du Suzon et le projet des Lentillères ont
vocation à prendre leur place dans l’aménagement d’une ville citoyenne, écologique et résiliente.
Je vous remercie de votre attention.