Plan Climat Air Energie Dijon Métropole: Stéphanie Modde souligne des objectifs de réduction de C02 ambitieux et une volonté manifeste de reconquérir la biodiversité mais des actions pour y parvenir plus timides
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Monsieur le Président,
Nous saluons le travail conséquent qui a été mené pour l’élaboration de l’actualisation de ce
plan climat, obligation de la métropole. En particulier, nous saluons la concertation élargie qui a été
menée. Elle a un double avantage : d’une part, partager les enjeux avec les citoyens pour les embarquer
dans les changements nécessaire. D’autre part, construire des solutions avec les citoyens sans se limiter
au techno-solutionisme.
Bien évidemment, nous partageons les objectifs qualitatifs de ce plan climat. Quand aux
objectifs chiffrés, ils sont souvent ambitieux, puisque souvent au dessus de la stratégie nationale bas
carbone. Cependant, nous vous rappelons que le Haut Conseil pour le Climat a rappelé au
gouvernement que, en dépit des avancées et de ces objectifs nationaux, ils restent encore insuffisant
pour pouvoir respecter la trajectoire des accords de Paris. Le Haut Conseil sur le Climat pointe surtout
qu’il est urgent d’agir le plus rapidement possible de manière efficace et décidé : cela coûtera beaucoup
moins cher finalement aux collectivités et aux citoyens que de continuer à reporter à demain les
changements nécessaires. Cet urgence à agir efficacement doit être notre ligne de conduite pour
protéger nos concitoyens. Ces objectifs quantitatifs sont parfois aussi décevant et insuffisant comme
par exemple celui de la part du vélo bloquée à 12%.
En terme d’objectifs chiffrés, le conseil de développement dans sa contribution a demandé que
soit publié chaque année dans le rapport de développement durable de la métropole une liste
d’indicateurs permettant de s’assurer que la métropole respecte bien la trajectoire définie dans le plan
climat. Nous ne retrouvons pas cette demande qui a été appuyé par les experts dans les débats
préparatoires. Que proposez vous à ce sujet ?
Nous saluons également le rapport Inet pour chercher à assurer une cohésion et une justice
sociale dans ces politiques climatiques locales. Nous notons que ce rapport, dans son volet sur
l’importance des coopérations locales, préconise une évolution du périmètre du SCOT et d’améliorer
les relations de la métropole avec le département et la région.
Autant, nous nous reconnaissons dans les objectifs qualitatifs du plan, autant nous percevons
beaucoup de lacunes dans les actions concrètes et les fiches actions même si vous prenez la précaution
de dire que la liste de ces fiches actions n’est pas exhaustive. Ces manques d’ambition se voient
notamment dans le contraste entre votre propositions et les préconisations du conseil de
développement. Rappelons que ce conseil de développement est une instance de concertation de 150
membres constitué d’un tiers de représentants d’association, d’un tiers de personnalités qualifiées et
d’un tiers de citoyens tirés au sort. Ce conseil de développement a été institué récemment suite à une
requête des élus écologistes auprès du préfet pour que la métropole respecte la loi Voynet.
Dans sa contribution que vous avez sollicité Monsieur le Président, le conseil de
développement s’est astreint à formuler des propositions retenues de manière consensuelles entre ses
membres. Ce choix du travail par consensus a été choisi, par les différents membres du conseil de
développement, pour favoriser l’acceptabilité sociale de ses propositions. Préalablement, les membres
ayant travaillé sur le plan climat ont bénéficié d’un parcours d’informations structurée constitué
d’auditions d’élus, d’associations et de services de Dijon métropole ou de l’Etat. La qualité de la
contribution du conseil de développement au plan climat a été unanimement salué, y compris par vous
Monsieur le Président lors de sa présentation au bureau de la métropole.
Par ses choix (formation aux enjeux, ne retenir que des solutions ayant fait consensus), le
conseil de développement a choisi une méthode similaire à la convention citoyenne sur le climat mise
en place par le gouvernement suite à la crise des gilets jaunes. Espérons que les préconisations du
conseil de développement ne subiront pas le même sort que celles de la convention citoyenne pour le
climat qui, malgré leur caractère consensuel, ont été détricotées par les lobbies et réduites à peau de
chagrin. Malheureusement, cela ne semble guère être le cas puisque beaucoup d’entre elles n’ont pas
été retenues.
Dans sa contribution, de façon à proposer des solutions efficaces et adaptées, le conseil de
développement s’est astreint à identifier les points de blocage expliquant le retard des politiques
publiques largement documenté par les rapports du GIEC même s’il y a eu aussi de belles réalisations

par ailleurs. Face à chaque point de blocage, le conseil de développement a proposé des solutions,
retenues par consensus comme indiqué. Il est regrettable que le plan climat n’ait pas discuté des points
de blocage relevé par le conseil de développement pour réorienter la politique de la métropole.
L’urgence environnementale oblige pourtant à agir et à apprendre de ses succès mais aussi de ses
échecs.
A titre d’exemple, un point de blocage identifié est un réseau cyclable discontinu et non
sécurisé, en étoile autour de la ville centre. Parmi les 367 km de pistes cyclables déclarées par la
métropole, seuls 17% sont de vraies pistes cyclables. 60% sont en fait des zones 30 que la métropole
qualifie abusivement de pistes cyclables.
Parmi tous les manques que nous percevons dans ce plan climat dans les fiches actions, nous
pointons les suivants où je n’ai fait souvent que piocher parmi les demandes citoyennes relayées par le
Codev :

  • La mise en place d’une Agence d’Urbanisme Métropolitaine pour répondre à un besoin d’ingénierie
    en urbanisme écologique et associant les citoyens dans des démarches participatives
  • L’utilisation du levier des terres agricoles dont la métropole est propriétaire (sur le plateau de la Cra
    et de la motte Girons) pour y systématiser des pratiques agricoles riches en biodiversité comme par
    exemple l’agriculture biologique (ce que nous demandons depuis 10 ans bientôt)
  • Un véritable plan vélo avec beaucoup plus de moyens et d’ambition que l’actuel
  • La mesure des différentes externalités environnementales, c’est-à-dire des coûts cachés, des
    principales politiques qui serait un outil précieux d’aide à la décision
  • Une tarification incitative des déchets pour favoriser le réemploi et le recyclage et récompenser les
    pratiques vertueuses des citoyens
  • Une tarification sociale de l’eau pour pouvoir embarquer toute la population dans la transition
    écologique et répartir l’effort de manière équitable
  • La préservation de la pleine terre, support de la réserve en eau, de la biodiversité et levier de base
    avec les végétaux pour l’atténuation du changement climatique
  • Des indicateurs qui permettent un vrai suivi des projets environnementaux majeurs de la
    métropole, comme par exemple sur la pertinence de la stratégie hydrogène déployée , de
    l’incinération centralisée des déchets du département (quelles conséquences sur CO 2 et PFAS
    dans la métropole ?), d’un usage raisonné de la biomasse bois en grand péril à l’échelle
    régionale, du développement du photovoltaique. A ce titre, nous sommes surpris de la
    proposition dans la fiche action 5 du développement de l’agrivoltaïsme sur les terres
    maraîchères du Sud de la métropole. Ces terres ne devraient – elles pas être réservées à de
    l’agriculture péri-urbaine ?
  • L’absence totale de la considération du transport aérien dans ce plan climat alors qu’un
    aéroport est présent sur la métropole. Est-ce parce que la métropole envisage un financement
    de l’aéroport de Dôle Tavaux en totale contradiction avec les objectifs de ce plan climat ? Le
    conseil de développement préconise l’arrêt de toute subvention au transport aérien. Même si
    les budgets peuvent rester limités par rapport à d’autres, l’impératif d’équité pour arriver à
    embarquer toute la population demande d’arrêter de subventionner un aéroport à l’usage de
    vols privés et de limiter les éventuelles subventions vers le soutien du CHU pour ses vols
    sanitaires.