Conseil Métropolitain du 19 décembre : Stéphanie Modde expose les motivations de l’abstention des écologistes sur le PLUI-HD
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Monsieur le Président, Chers collègues L’accord minimal de la COP25 qui vient de s’achever est une mauvaise nouvelle de plus et une déception pour tous ceux qui partagent la nécessité de redoubler d’effort, non pas dans 10, 20 ou 30 ans mais maintenant ! C’est encore aux collectivités locales de redoubler d’efforts lorsque les plus hautes instances marquent le pas. Ainsi sur ce dossier, l ’enjeu est de savoir si nous nous engageons ou pas vers un territoire post carbone, vers un territoire soucieux de préserver les ressources et d’améliorer la qualité de vie des habitants. Tout au long de l’élaboration du PLUI-HD, nous avons formulé des propositions visant à renforcer les exigences écologiques. Nous soulignons, à ce titre, que les observations du public, aussi bien des particuliers que des collectifs d’habitants, des associations, de l’autorité environnementale et de la commission d’enquête ont conforté nos demandes. Il y a d’ailleurs une véritable réflexion à avoir sur la démocratisation des documents d’urbanisme qui à ce jour ne permettent pas à la majorité des habitants de s’approprier les enjeux d’aménagement du territoire qui pourtant les concernent. C’est pourquoi, nous saluons celles et ceux qui ont pris sur leur temps personnel pour se plonger dans l’étude de ce document et pour avoir contribué lors de l’enquête publique. Sur le fonds, le contenu du document a certes évolué. Nous restons cependant au milieu du gué. Si la Métropole a fait des efforts pour renforcer les mesures d’adaptation climatique, et particulièrement les mesures concernant la reconquête de la biodiversité , l’économie générale est encore trop timide par rapport à l’enjeu. En matière de préservation des sols : L’adaptation climatique doit passer par un objectif zéro artificialisation des sols, en clair lutter contre l’étalement urbain pour densifier le bâti et éviter ainsi de grignoter davantage les terres agricoles. Nous partageons la nécessité de produire des logements de qualité, et surtout des logements à loyer modéré pour permettre aux plus modestes de se loger dans la Métropole. C’est pourquoi, cette densification urbaine appliquée aux logements doit s’appliquer également aux zones d’activités économiques qui impactent beaucoup les terres agricoles. Nous constatons, comme pour le Scot, que l’avis de l’autorité environnementale n’a pas été prise en compte. La position des écologistes est claire : nous voulons conserver les terres agricoles initialement prévues pour poursuivre la construction des zones d’activités économiques en privilégiant la densification des zones d’activités existantes et s’assurer également que les zones existantes soient bien toutes occupées. Nous regrettons ainsi que le moratoire que nous avions demandé en 2015 sur la zone d’activité Beauregard n’ait pas été prolongé dans le temps. C’est vrai qu’il y a une volonté nouvelle de de promouvoir l’agriculture urbaine avec les 34 ha de la zone Europa à Chenôve fléchée sur le maraîchage et l’agriculture, et l’annonce d’abandonner la phase 2 de l’eco-quartier maraîcher, et pour passer de la parole aux actes nous réitérons notre demande de changer le zonage afin de préserver ces terres et construire avec les habitants du quartier un projet de cultures vivrières. Concernant les mesures d’adaptation climatique et la qualité de vie, nous notons que les ambitions et les mesures en matière de nature en ville ont évolué favorablement par rapport au projet initial mais pas suffisamment. Si la part de la pleine terre obligatoire dans les quartiers est passée d’un coef de 0,2 à 0,3, l’augmentation n’est pas suffisante, loin de répondre à l’urgence climatique et aux attentes des dijonnais qui demande une chose simple : une ville plus végétale. Des collectivités ont eu avant nous cette volonté de reconquérir la biodiversité, et d’adapter le territoire au changement climatique dans leur document d’urbanisme. Face à l’urgence, nous devons faire preuve d’intelligence collective comme la Métropole de Lyon, Clermond-Ferrand et Maubeuge. Outre que nous demandons une augmentation du coef de pleine terre, nous proposons des mesures concrètes et complémentaires pour une meilleure gestion des eaux pluviales, un véritable corridor écologique… Nous constatons également que les moyens concrets pour contrer les îlots de chaleur ne sont pas suffisants. En effet, le PLUI-HD renvoie au Plan Climat Air Energie qui n’est d’ailleurs pas finalisé contrairement au délai imposé par la loi de Transition Énergétique. Enfin, il va falloir innover et investir, dépasser les contraintes techniques comme les réseaux en ville, pour développer la place du végétal dans la ville. Oui, nous approuvons l’obligation de planter un arbre pour 100 m² de surface de pleine terre et les murs végétalisés c’est bien le minimum à faire, préconisations que nous avons proposé à plusieurs reprises. Nous ne pouvons-nous contenter des conditions du déploiement des toitures végétales qui ne sont pas assez incitatives et peu respectées dans les faits par les promoteurs. Enfin, pour terminer sur cet aspect, il manque dans ce bouquet de solutions un levier très important : la désimperméabilisation des sols partout où cela est souhaitable. L’absence de mesures incitatives pour promouvoir les matériaux biosourcés dans les programmes d’aménagement, malgré nos propositions récurrentes, est une vraie lacune. Nous nous privons d’un levier évident d’adaptation climatique et d’accompagnement au développement d’une filière pourtant pourvoyeuse d’emploi local , à très bon bilan carbone En matière de mobilités : il y a eu un effort pour atteindre les 12% de part modale vélo, nous regrettons cependant que Dijon Métropole se contente de la recommandation minimum fixée par l’autorité environnementale. La Métropole était incitée à aller plus loin, alors nous écologistes proposons un objectif de 20% en 2030. Certes , c’est un objectif ambitieux, mais crédible et nécessaire face à l’urgence et nous devons nous donner les moyens de l’atteindre. C’est pourquoi, nous proposons l’élaboration d’un nouveau schéma directeur cyclable, réalisé en concertation avec les acteurs du vélo et répondant aux besoins des habitants de l’ensemble des communes de la métropole. Ce schéma qui aura vocation à mettre en œuvre un réseau cyclable métropolitain intégré au maillage cyclable et est très attendu non seulement par les habitants mais aussi par les conseillers municipaux, notamment de l’est dijonnais. Je terminerai mon propos en pensant aux habitants, aux efforts à fournir, à l’audace et à l’imagination dont nous devons faire preuve pour les impliquer dans les choix qui les concernent : l’aménagement de notre cadre de vie commun. Nous appelons à une démocratisation des politiques d’urbanisme, en appui aux demandes des habitants que nous relayons, pour qu’ils soient véritablement impliqués dans les choix de la ville, sans se retrancher derrière le code de l’urbanisme. Nous nous abstiendrons sur ce dossier car s’il a pu évoluer tout au long du processus d’élaboration, et nous y avons contribué, les exigences écologiques que nous avions formulé dans le cadre du débat consacré à l’avis du conseil municipal de Dijon le 24 novembre n’ont pas été prise en compte. Nous espérons, puisque cela est possible, qu’une révision sera engagée suite aux résultats des élections municipales de mars 2020.