Conseil Métropolitain du 23 mars : Vers un projet de territoire qui tienne compte de la rareté de la ressource en eau et d’une place majeure pour la nature en ville
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Monsieur le président, chers collègues,

Quelques remarques sur ce projet important et structurant pour l’avenir des habitants de la Métropole, puisqu’il fixe les orientations relatives au mode de développement et à l’accompagnement de l’évolution de nos modes de vie.

  1. Concernant la méthode d’élaboration du projet

Nous avions déjà souligné qu’avant d’engager la révision, un bilan des réalisations, des réussites et des échecs du projet de territoire voté sous le précédent mandat, devait être entrepris. Il n’en est rien. Nous n’avons donc aucune visibilité sur le passé. Ce rapport donne l’impression de partir d’une page blanche sans tenir compte de l’existant et des enseignements que nous pourrions en tirer. En général, quand on élude un bilan, c’est qu’il n’est pas très bon.

Nous saluons la volonté de consultation des habitants. Néanmoins, il semble que de nombreuses propositions aient été écartées, notamment, celles, pertinentes, du Conseil de développement. C’est regrettable, car les propositions formulées rentrent en résonance avec les aspirations des habitants qui nous sont remontées au quotidien. De plus, nous aurions souhaité une présentation de l’avis du Conseil de Développement suivi d’un débat en Assemblée métropolitaine, mais cette étape démocratique a été confisquée.

  • Concernant le contenu des orientations

Nous partageons bien évidemment le projet d’une Métropole plus résiliente, plus solidaire et cherchant des partenariats et des relations équilibrées avec les autres territoires. Si nous partageons cet objectif, à la lecture du rapport il y a de grosses lacunes pour espérer créer les conditions optimales de ces transitions :

  • Sur l’eau, malgré les problématiques de sécheresse qui vont s’accentuer, et dont les sinistres sont évalués pour la France à 43 milliards d’euros sur la période 2020-2050, aucune mesure n’est envisagée pour stocker l’eau des sols afin d’en garantir un accès pérenne.
  • Sur l’urbanisme : on note que sous la pression des habitants, et la mobilisation permanente des élus écologistes, la sémantique évolue. Vous reconnaissez qu’il est temps d’engager une densification maîtrisée accompagnée d’un développement de la nature en ville. Pourtant, au-delà des mots rien n’indique une inflexion dans ce rapport et surtout pas l’arrêt immédiat des projets immobiliers, sous la forme du moratoire que nous proposons depuis 2020. Celui-ci consiste à repenser démocratiquement avec les habitants l’équilibre entre le végétal et le minéral dans l’aménagement de l’agglomération.
  • Sur la Mobilité : Une récente étude de la FNAUT, publiée à l’autonome 2022, a jugé sévèrement Dijon et la Métropole pour son manque d’ambition en matière de politique cyclable. Nous y reviendrons, mais le plan vélo, qui fera l’objet d’un débat plus tardivement dans la soirée, manque d’ambition. Au-delà des intentions, aucune mesure concrète n’est envisagée alors que le Conseil de Développement a insisté pour qu’une alternative crédible à la voiture soit inscrite dans ce projet de territoire que ce soit avec une politique vélo solide mais également une bien meilleure desserte des zones d’activité par les transport en commun.
  • Sur l’alimentation : Difficile d’envisager, comme l’indique le rapport, un travail coopératif sur l’alimentation de proximité quand deux collectivités, la Métropole et le CD21, n’arrivent même pas à mutualiser les 2 projets de légumerie. Je ne vois pas comment l’esprit de coopération décrit va pouvoir aboutir.

Il reste un oubli, et de taille, celui de construire une métropole zéro déchet. Nous sommes stupéfaits, alors que l’obligation de trier les bio-déchets à la source sera obligatoire en 2024, qu’une telle politique soit totalement absente du projet de territoire !

Enfin, je terminerai mon propos par une autre lacune. Alors que nous vivons une grave crise du système démocratique représentatif où les aspirations citoyennes piétinées engendrent colère et défiance envers nos institutions, nous ne pouvons plus faire l’impasse sur des formules innovantes pour co-construire et impliquer les citoyens dans les choix et la mise en œuvre des décisions politiques. Malheureusement, ce projet manque d’ambition démocratique et participative dans sa future application.

Je vous remercie de votre attention.