Conseil Métropolitain : Intervention de Catherine Hervieu sur le Budget Primitif 2020
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L’inertie internationale pour relever le défi climatique renforce encore plus notre responsabilité d’élus locaux.

Car, de façon récurrente à chaque conseil de fin d’année, et celui-ci n’y échappe malheureusement pas, avec l’échec de la COP 25 de Madrid, nous déplorons l’incapacité des États à relever le défi climatique. La trajectoire de l’inertie, vous la connaissez grâce aux travaux du GIEC : une hausse des températures de + 3 degrés d’ici 2100. A l’exception de la COP21 qui avait débouché sur l’accord de Paris, une première sur le plan diplomatique, mais dont le prix à payer devient très problématique puisqu’on avait alors repoussé la question qui fâche : celle des ressources financières perçues comme autant de contraintes alors que cela devrait permettre d’engager résolument un nouveau cycle planétaire à la hauteur du défi climatique. Face au défaut des États, il en va de notre responsabilité d’élus locaux vis-à-vis de nos concitoyens :

  1. de ne pas subir,
  2. de poursuivre et renforcer les actions pour diminuer la production et les émissions de GES sur notre territoire,
  3. de faire de notre territoire, un territoire résilient, notamment pour les personnes et familles les plus modestes conformément aux valeurs de justice sociale et de solidarité que nous portons.

Car l’enjeu est bien de construire un territoire soucieux de protéger, de prendre soin des habitants notamment des familles les plus modestes qui sont les plus exposées aux effets du changement climatique. C’est aussi construire des relations apaisées, ce dont le pays a bien besoin, où chacune et chacun reprend en main son destin en lien avec la reconnaissance sociale qui repose sur les valeurs de la République. 

Et avec les compétences transférées par le Conseil Départemental, nous pourrons alors œuvrer pour une métropole sociale et solidaire. Je pense notamment à la prévention spécialisée dont l’extinction a été délibérément organisée. La reconstruction de ce service, pour les jeunes en difficultés qui ont été trop longtemps délaissés,  nécessitera des moyens à la hauteur des besoins. Si nous comprenons qu’en l’état, il faille attendre la convention avec le Département pour définir le montant des crédits à attribuer, d’ores et déjà nous affirmons que les sommes devront être importantes pour compenser le défaut du Département dans ce domaine, depuis tant d’années.

La Métropole référence écologique, c’est évidemment des équipements pour produire localement une énergie propre et sortir enfin des énergies fossiles et nucléaire, comme l’installation d’une ferme photovoltaïque sur le site de l’ancien centre d’enfouissement technique et le développement d’une station de production d’hydrogène.

Nous réitérons ce que j’ai exprimé lors du DOB et qui se confirme dans ce BP : l’écologie, c’est aussi les solutions du quotidien construite avec ses habitants. Les grands projets que ce soit en matière d’énergie, d’agriculture ou de logements sont nécessaires, mais insuffisants sans impliquer les citoyens et évaluer au plus près, de la vie d’un quartier par exemple, leurs besoins pour accompagner la transition de leurs modes de vie. Et si les atermoiements de l’Etat en matière de rénovation thermique des bâtiments n’aident pas les collectivités à avoir plus d’ambition, il nous faudra réfléchir aux moyens de pallier cette absence de volonté politique alors qu’il y a une urgence sociale : permettre à toutes et tous de pouvoir se chauffer dans un pays où l’on compte 11 millions de précaires énergétiques.

En matière d’agriculture, le soutien à l’agro-écologie est une évidence mais l’agriculture protectrice, nourricière et rémunératrice pour les agriculteurs, c’est avant tout une agriculture paysanne et biologique. C’est ce dont nous avons besoin sur le territoire, et qui aurait pu se traduire dans ce budget par un Plan Alimentaire et Territorial, ce que nous avions déjà souligné lors du DOB. Ainsi, on note l’absence de crédits à une véritable politique agricole locale dans la section investissements du secteur économique, comme cela est fait pour l’agroalimentaire.

En matière de mobilités, nous réitérons notre satisfaction du fléchage des 2 millions d’euros pour les aménagements cyclables mais aussi notre vigilance quant aux réalisations concrètes. Dois-je redire le changement de « direction » des 940 000€ affectés à la politique vélo lors du BP 2018 ?

Nos efforts devront bien entendu porter sur la qualité de l’eau pour un accès à toutes et tous à moindre coût. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous insistons sur la mise en place de la Commission de contrôle financier, outil démocratique tel que prévue par la loi afin de suivre la gestion de l’eau et de l’assainissement dans le cadre de la SEMOP.

En conclusion, nous souhaitons que le Budget Primitif 2020 puisse être renforcé dès avril, suite au renouvellement du conseil métropolitain, pour répondre à l’urgence climatique et sociale

Monsieur le président, chers collègues, vous le savez bien, nous n’avons jamais dévié au sein de cette assemblée pour travailler aux réponses concrètes face à la bataille climatique et sociale, au service de l’ensemble des habitants, Ceux-ci peuvent compter sur notre implication pour que Dijon métropole fasse partie des collectivité exemplaires et à l’avant-garde pour le climat.

Pour cela, il faut aller plus vite et plus loin, il faut sortir de la politique des trop petits pas comme ceux de cette COP 25 irresponsable ou encore des atermoiements du gouvernement sur le plastique ou les pesticides et passer à une politique de grandes foulées. De nos engagements locaux peut dépendre la réussite de la COP26 à Glasgow. C’est parce que le projet du BP 2020 se situe, malgré nos réserves faites, sur la trajectoire des engagements locaux nécessaires que nous voterons pour.

Catherine Hervieu