Conseil Municipal du 20 mars : Olivier Muller présente les axes de progres pour une politique de l’eau plus sobre à Dijon
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Monsieur le Maire, chers collègues,

Ce rapport est bienvenu dans un contexte où le régime climatique bouleverse notre rapport aux ressources naturelles et notamment à la ressource en eau. Rareté, sobriété et partage doivent rythmer notre quotidien face aux sècheresses, estivales comme hivernales, qui se succèdent et vont se succéder.

Nous ne sommes pas vraiment étonnés de la teneur de ce rapport puisque l’étude porte sur une période où la politique de l’eau étant sous la responsabilité des écologistes. Bonne gestion sans surcoûts ni taxes supplémentaire puisque cette période fut aussi la seule, sur les 30 dernières années, où le prix de l’eau pour les usagers a baissé. Un des marqueurs de la période est l’aboutissement de la SEMOP. Elle résulte d’un travail de majorité plurielle, où les écologistes avaient encouragé un retour en régie, qui, comme le confirme l’ensemble des retours d’expérience coûte bien moins cher aux usagers. Par ailleurs, prétendre que le recours au privé était indispensable compte tenu des investissements à réaliser est clairement faux. Le Schéma Directeur pour l’Alimentation en Eau Potable de la métropole contredit bien entendu cette affirmation.

Si le chambre s’est abstenue de faire des recommandations, nous avons quelques remarques à formuler dans la perspective de consolider des mesures a priori intéressantes mais qui nécessitent des précisions et des axes de progrès. Nous aimerions d’ailleurs prendre connaissances des réponses de Dijon Métropole que nous attendions avec ce rapport. Au même titre, nous souhaiterions avoir un bilan des schémas d’aménagement et de gestion de l’eau ainsi qu’une analyse de leur contenu. L’ensemble de ces pièces éclairaient ainsi bien mieux le conseil municipal sur la réalité de la politique de l’eau.

Si on souligne l’ambition en matière de désimperméabilisation, on s’interroge sur les réalisations concrètes, en sachant qu’il est indiqué un taux de consommation de plus de 150 hectares. Quels sont donc les projets de désimperméabilisation? A ambition comparable, la Métropole Lyon a lancé un plan «  Ville Perméable » de 400 hectares à hauteur de 18 millions d’euros.

Si la  désimperméabilisation est indispensable, pour être cohérent, il faudrait aussi réduire la voilure de la bétonisation de la ville. Dans ce registre, la Chambre régionale conforte les positions des écologistes, qui ont justifié notre désapprobation du Scot et PLUI-HD. En effet, la chambre regrette, comme l’autorité environnementale, l’absence d’analyse dans le SCOT des disparités locales détaillées concernant la disponibilité en eau d’une part et la trop grande perspective d’artificialisation des sols prévues dans le SCOT d’autre part.

Le taux de renouvellement des réseaux à Dijon est satisfaisant. C’est un axe d’action stratégique pour une politique économe. L’effort doit cependant rester soutenu et accéléré notamment pour éviter de contribuer à l’inquiétante situation nationale. En effet, au rythme des travaux actuels il faudrait 172 ans pour le renouveler entièrement le réseau d’eau potable, alors que la durée de vie théorique d’une canalisation est comprise entre 50 et 80 ans, et 233 ans pour renouveler le réseau d’assainissement collectif.

Autre levier pour renforcer la politique de sobriété mobilisé par Dijon Métropole : la télé-relève. Cependant, ces compteurs seront-ils en capacité de piloter la gestion des crises sachant les périodes de sécheresse à venir ? Quelles fonctionnalités pour réduire la pression, le contrôle des débits anormaux et la gestion de tour d’eau ?

En complément du solutionnisme technologique, nous réitérons la nécessité d’accompagner l’évolution des changements de pratiques en ciblant les baisses de consommation en habitat collectif. La métropole de Lille a mis en place un dispositif intéressant qui combine à la fois des réflexions collectives sur les usages et le financement d’équipements pour faire des économies. Et bien sûr, nous regrettons l’abandon de la tarification sociale et progressive de l’eau, que nous avions expérimenté, et qui est pourtant une mesure de justice sociale et environnementale.

Au-delà des particuliers, la connaissance précise des pratiques des gros consommateurs contribuera à un meilleur pilotage d’une politique de sobriété. Est-ce qu’une analyse des pratiques des gros consommateurs a été réalisée ?

Enfin, concernant le stockage de l’eau, l’approche est superficielle (priorité de stockage en hautes eaux ou de récupération des eaux de pluie sans plus de précisions) par rapport aux enjeux liés à la raréfaction de la ressource.

La seule vraie solution pour la métropole, en complément des économies d’eau, est l’infiltration dans les sols. En effet, on ne pourra pas stocker en surface de grosses quantités d’eau potable. En ce sens, la politique d’infiltration de Dijon Métropole est beaucoup trop restreinte. Elle ne s’applique qu’aux constructions neuves et aux déconstructions-reconstructions. De plus, la chambre régionale des comptes déplore les faibles moyens mobilisés par la collectivité pour contrôler la conformité des nouvelles constructions des promoteurs immobiliers quant à l’infiltration des eaux de pluie par rapport à la parcelle.

Pour restaurer le stockage dans la nappe, il faut relever le niveau des rivières qui sont fortement incisées et pour cela, re-méandrer la Tille et l’Ouche à l’aval de Dijon. Ces travaux impliquent une vaste opération de rachat de foncier et d’indemnisation des terres agricoles, pour pertes de production. L’objectif étant d’éroder les berges afin de rallonger la longueur du cours d’eau, de diminuer la pente du fond du lit et donc ralentir l’eau et remonter le fond du lit… Chaque centimètre de remontée permet de stocker énormément d’eau.

Au-delà d’un satisfecit, que l’on adresse en particulier aux services et au délégataire, on le constate, il reste de nombreux efforts à fournir pour refonder la politique de l’eau et nous avons peu de temps pour agir !

Je vous remercie de votre attention.